Le Bouc hémisphère

Il y en a qui se retrouvent au mauvais endroit au mauvais moment. C’est comme ça. Vernon est ce genre de gars-là. Légèrement déjanté, obsédé et facétieux, l’adolescent se retrouve accusé de complicité de meurtre en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Du témoignage, on passe aux suppositions, des suppositions à l’enquête et de l’enquête au procès. Et voilà notre Vernon avec ses réactions trop impassibles d’adolescent désabusé devenir le coupable idéal. Trop détaché du monde pour être honnête ce garçon. Les journalistes s’en donnent à c?ur joie pour trouver sous l’apparente apathie du garçon une pulsion de meurtrier, sa mère clame qu’elle est prête à tout lui pardonner, ses potes le charrient, les psy cherchent à comprendre et les flics se disent qu’il n’y a pas à chercher trop loin : si le gamin passe aux aveux, ça fera une affaire classée. Ça sent le roussi pour Vernon. Dans la veine des Fante, Selby, et Ellroy, DBC Pierre décrit une société américaine qui pourrait prêter à rire si elle n’était pas aussi tragiquement consternante. Le sous-titre du roman, comme une indication donnée au sens de la lecture, nous prévient. Le livre se présente comme une “farce macabre du XXIe siècle”. On rit donc beaucoup dans ce roman désopilant. Et c’est surtout parce qu’on y rit jaune qu’on échappe de justesse à son humeur très noire.