November

Simenon applique sa formidable perception à une famille qui tient essentiellement à partager le même toit et la même planche lugubres. Le centre négatif de la maison est la mère, une femme à qui l’amour a été refusé et qui est poussée dans un isolement insupportable dont elle se réfugie en prenant le biberon.

Minutieusement, incident par incident, Simenon accumule les pressions au sein de la maison et de la famille pour que cette femme taciturne et renfermée agisse avec ruse et cruauté et pourtant, on le sent, innocemment, puisqu’elle a d’abord été déshumanisée par son entourage.

L’histoire est racontée telle qu’elle est vécue par sa fille qui, bien qu’absorbée par sa propre histoire d’amour, est la seule consciente du drame qui se joue avec la fatalité grecque. Il y a une densité et une profondeur remarquables dans la représentation par Simenon de l’interaction d’une maison et de ses habitants, et une manière très inhabituelle de résoudre un mystère de manière oblique, grâce à l’empathie d’un esprit compatissant. Simenon est ici à son meilleur.

(à partir du rabat de la couverture)