Purple America

“Celui qui connaît tous les plis et les replis du corps de sa mère, celui-là ne mourra jamais.” Ainsi débute Purple America, comme une invitation brutale à réinvestir notre enfance. Tout de suite après, une phrase monumentale de cinq pages détaille les soins d’un fils prodigue à sa mère tétraplégique. Crûment, sans pudeur, sont cités chacun des gestes qui maintiennent un semblant de vie dans ce corps désarticulé.

Billie Raitliffe est atteinte d’une maladie invalidante, ne lui laissant que les regrets de sa vie passée. Hex vient s’occuper d’elle après une longue absence. Mais en une nuit, tout va vaciller. Le second mari de Billie s’en va, épuisé par des années d’abnégation. Hex perd les pédales face à sa mère qui réclame la mort, les sentiments trop longtemps refoulés explosent, jusqu’au dénouement final laissant les corps meurtris, épuisés.

Crispant, étouffant même à force de détails et de longs monologues intérieurs, le livre de Rick Moody tente cependant un audacieux parallèle entre le délabrement des êtres rongés par la maladie et les déchirements du corps social de l’Amérique.